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Insecticides Les agriculteurs craignent une "catastrophe" si le Gaucho est interdit

PARIS, 21 mai (AFP) - Plusieurs responsables agricoles ont adressé vendredi une lettre ouverte au Premier ministre pour "demander à être entendus pour toute décision sur le traitement des semences", en particulier sur l'insecticide Gaucho dont l'interdiction aurait selon eux "des conséquences catastrophiques".

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"Le traitement de semences est gravement menacé en France au motif qu'il pourrait être responsable de la mortalité des abeilles", expliquent-ils, alors que le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard se prononcera prochainement sur l'interdiction ou non de l'insecticide Gaucho, et a suspendu le Regent.

Cette lettre est signée notamment par le président de l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs) Christophe Terrain, par celui de l'AGPB (Association générale des producteurs de blé) Henri de Benoist et celui de la CGB (Confédération générale des betteraviers) Dominique Ducroquet.

Le Regent et le Gaucho sont en effet les deux principaux produits qui permettent un traitement insecticide directement sur les semences, dites "enrobées", évitant ainsi de répandre des insecticides sur les cultures.

Or "le traitement des semences est devenu un moyen essentiel de produire des végétaux sains, en réduisant de surcroît les quantités de produits phytosanitaires utilisés pour soigner les plantes", soulignent-ils.

"Il n'y a pas d'alternative au traitement des semences, sauf à accepter des risques très supérieurs" car "supprimer le Gaucho conduirait pour le seul maïs à utiliser 10.000 tonnes d'insecticides granulés, soit 300 semi-remorques, et les risques (sanitaires) seraient multipliés par 100", assurent-ils.

Pour eux, la nocivité du Gaucho contre les abeilles n'a "jamais été démontrée" puisque "dans certaines régions les abeilles meurent avec ou sans semences traités dans leur voisinage" et que "ce produit est utilisé sans problème dans plus de 100 pays".

Ils réclament aussi la "vérité" sur les causes de la mortalité des abeilles, qu'ils jugent être "une urgence nationale".

"Monsieur le Premier ministre, nous faisons appel à votre bon sens et à votre arbitrage pour éviter qu'une catastrophe ne se produise. Elle se traduirait à coup sûr par une aggravation des risques sanitaires et environnementaux dans notre pays et détruirait des pans entiers de notre agriculture. Les responsables agricoles demandent à être entendus pour toute nouvelle décision des pouvoirs publics sur le traitement des semences", conclut la lettre.

Le Gaucho a déjà été suspendu d'utilisation pour le tournesol depuis 1999 mais reste en principe autorisé pour le maïs, à condition que le ministère, comme le lui a demandé le Conseil d'Etat, se prononce à nouveau sur le sujet.

Devant les plaintes des apiculteurs, le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard a demandé une expertise scientifique sur les effets du Gaucho sur les abeilles et attend les résultats pour fin mai, après quoi il décidera ou non d'interdire ce produit.

Quant au Régent, le ministre a décidé en février de suspendre la vente des semences traités au fipronil (l'agent actif du Regent, produit par le groupe BASF) mais en permettant l'écoulement des stocks déjà vendus, c'est-à-dire pour les semis de printemps. Une autre étude doit être menée sur le fipronil.


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